D’abord Nagato Sensei au Honbu cet après-midi. Nagato Sensei est un homme très grand pour un japonais (comme vous le verrez sur la photo), il avait été surnommé le « Gentil Géant ». Ses techniques sont plus physiques mais tout de même subtiles et efficaces. C’est un homme très sympathique et intéressé par tout ce que les gens ont à lui raconter, je m’en suis rendu compte quand j’ai constaté la longueur de la pause durant son cours (parce qu’ici les cours durent habituellement 2 heures mais ont une pause). Il écoute ce que les gens ont à lui raconter et questionne beaucoup. Il y avait encore plusieurs personnes présentes et je me suis entraîné en compagnie de Romi, un Israélien.
Avant de venir au Japon j’étais un peu inquiet parce que je ne suis quand même pas encore très expérimenté. J’avais l’impression que je ne serais pas de calibre mais Bernard s’était fait rassurant avec moi en me disant de ne pas m’inquiéter avec ça, j’ai compris pourquoi aujourd’hui. Romi était ceinture noire, je ne sais trop quel Dan par contre je ne lui ai pas demandé, mais je crois avoir eu le dessus sur lui tout le long du cours. Bernard nous parle souvent que son style d’enseignement se rapproche le plus de ce que l’on trouve au Japon et il a raison, j’étais parfaitement préparé pour ce genre de cours et surtout ce genre de techniques. Apparemment, là où nous sommes entraînés à faire de l’exploration et à voir les opportunités (même Nagato Sensei nous encourageait à essayer de trouver les différentes ouvertures), Romi lui était occupé à tenter de reproduire parfaitement la technique de Sensei. Bien souvent, en plus, n’ayant pas compris la base de ce que Nagato Sensei avait montré je le voyais regarder Motté (je ne sais pas si on écrit son nom comme ça), son prof, espérant voir quels mouvements il faisait. À un certain moment durant le cours Romi a essayé de me montrer comment faire un Ura Gaku (une sorte de clef de poignet pour ceux qui ne savent pas ce que c’est)… non seulement il ne m’apprenait rien mais je lui ai reviré son Ura Gaku en Hon Gaku (une clef du genre vraiment douloureuse), mais en utilisant une seule main. Je ne pensais pas rien lui apprendre et pourtant il semblait surpris; c’est vrai qu’il m’avait laissé une ouverture terrible pour exécuter cette manœuvre. En fait je voyais dans sa figure un genre de questionnement constant sur ce qui lui arrivait; autant je me sentais perturbé par l’approche très intuitive de Dane la première fois que je me suis entraîné avec lui, autant il semblait ne pas comprendre qu’une ceinture verte arrive à jouer avec lui comme avec une poupée de chiffon. Le pire c’est que je n’ai rien fait de plus que ce que Bernard nous enseigne. Enfin on n’a pas à être gênés devant les élèves venant d’ailleurs, Bernard nous entraîne merveilleusement bien croyez-moi! Voici une photo de Nagato Sensei :
Nous devions assister au cours de Noguchi Sensei plus tard en soirée mais, voyant le grand nombre de personnes présentes, Bernard a eu l’idée de nous amener voir Shiraishi Sensei pour un cours qu’il donnait dans un centre culturel. Le simple fait de s’y rendre fut une aventure en soi! D’abord, personne ne semblait se rappeler du nom de l’endroit pendant le souper mais Gaétan l’avait dans son enregistreuse donc nous fûmes sauvés. Vu qu’il pleuvait et que le temps était limité nous avions choisi de nous y rendre en Taxi mais au Japon ce n’est pas si simple! Premièrement il n’y a pas de nom de rue donc aussi bien connaître le chemin, ce qui n’était pas notre cas. Deuxièmement, trouver un chauffeur de Taxi qui connaît l’endroit est une priorité! En ayant trouvé un, il nous fallait maintenant se rendre mais comme au Japon les voitures sont plutôt petites nous n’entrions pas tous dans la même voiture. Qu’à cela ne tienne, moi et Robert avons pris le premier Taxi et le reste du groupe a sauté dans le deuxième en lui demandant de nous suivre! Robert se débrouille en Japonais mais il n’a pas réussi à faire comprendre au chauffeur qu’il devait attendre l’autre voiture donc la voiture des autres a dû entamer une poursuite dans les rues de Kashiwa afin de trouver l’endroit puisque leur chauffeur ne le connaissait pas! Nous sommes tout de même arrivés sains et saufs!
Les élèves de Bernard savent de quoi je parle, une de ses activités préférées est de nous faire pratiquer des déséquilibres tellement subtils qu’ils en deviennent sacrant quand on n’y arrive pas! Ces techniques, j’ai vu ce soir pourquoi il nous les fait travailler si longuement. Shiraishi Sensei n’a pas une santé du tonnerre. Il est physiquement très mal en point (dû à de vieilles blessures je crois) et on le voit dans sa démarche : ses jambes sont très arquées quand il se promène. Pour palier à ça il a développé une approche qui utilise énormément de déséquilibres et de « douceur ». C’est par contre un monsieur excessivement gentil et attentionné, plus que sympathique et toujours souriant. Il parle très bas alors aussi bien porter attention quand il parle mais il essaie de parler en anglais afin de nous aider, nous occidentaux ayant le japonais peu développé. C’est le genre de monsieur qu’on ne pourrait pas détester, croyez-moi sur parole! Lors du Daikomyosai il était le seul Shian japonais que j’ai vu s’entraîner à longueur de journée avec les gens (il était toujours à-côté de nous d’ailleurs). Durant ses cours, il passe pratiquement chaque étudiant à chaque technique afin de montrer l’effet recherché. Habitué par Bernard à essayer de regarder au-delà de ce que mes yeux voient lorsqu’on me montre une technique, cette approche fut plus que bénéfique parce qu’à certains moments je remarquais la position de sa main ou de sa jambe et l’effet que ça venait rajouter à la technique. Le but de ce genre de cours est de ne pas forcer, jamais!
J’étais très enthousiaste à ce cours parce que, encore une fois, je me retrouvais en terrain connu. Voyant un gars qui semblait chercher quelqu’un je suis allé le voir et nous nous sommes entraînés tout le cours ensemble. Son nom était Mathias, un Allemand, ceinture verte lui aussi. Encore une fois j’ai constaté que notre entraînement nous donne un avantage dans ce genre de cours! Mathias a découvert un nouveau monde grâce à moi et j’avoue que ça m’a remonté un peu! Les premières techniques « d’échauffement » que nous avons vues, j’en avais fait déjà beaucoup avec Bernard qui se plaît à dire, quand il nous les fait faire, que ce sont « des bases » au Japon. Mathias, par contre, essayait de recréer ce qu’il avait vu en utilisant des techniques qu'il connaissait et de la force mais j’ai commencé à lui expliquer que l’effet recherché de ce genre de techniques est d’amener son Uke dans une zone d’inconfort suffisante pour le déséquilibrer mais pas assez prononcée pour qu’il s’en rende compte et que son corps se réajuste (j’ai évité d’aborder le sujet de l’alignement des os parce que j’ai encore beaucoup de travail à faire là-dessus moi-même et je ne suis pas le mieux placé pour le montrer). Après l’avoir envoyé au sol quelques fois sans utiliser aucune force il a commencé à comprendre ce que je voulais dire et il a commencé à essayer l’approche que j’avais. Il s’est amélioré très vite et je crois qu’il y prenait goût. Plus le cours avançait et plus je me sentais en contrôle; l’approche de Shiraishi Sensei combinée à mes connaissances déjà acquises et mon entraînement avec Dane m’avaient rendus beaucoup plus « mou » que je le suis habituellement. En discutant de ce point avec Bernard il m’a dit : « Oui, mais je te regardais du coin de l’œil et tu es encore beaucoup trop raide », un prof, ça reste un prof tout le temps et un bon prof sait amener ses élèves à se remettre en question! Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre mais c’est encourageant de se faire dire qu’on progresse et que maintenant on doit s’améliorer davantage! Je n’en attendais pas moins de sa part, s’il m’avait dit : « Bravo champion » là ça aurait été inquiétant! Après le cours Shiraishi Sensei a offert de raccompagner Gaétan à l’hôtel, ensuite il a rajouté Bernard et Éric, nous laissant moi et Robert retourner à l’hôtel en Taxi vu qu’il n’aurait pas de place dans son auto. C’est quand même montrer à quel point c’est un homme attentionné. Voici une photo de Shiraishi Sensei :
Ce fut donc une soirée très enrichissante sur bien des points et je suis presque content qu’il pleuvait aujourd’hui!
Sayonara!
J'ai pas testé les taxis, mais c,est cool que tu en parles. J'avais oublié qu'il faut savoir ou aller dans ces villes sinon tu es perdu !
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